Reboiser les zones semi-arides : un engagement communautaire

Reboiser les zones semi-arides : un engagement communautaire

Les zones semi-arides : un fort potentiel de vie

Les zones semi-arides sont souvent prises comme des espaces minéralisés, sans vie. Il suffit d’observer celles-ci après une ou deux pluies pour comprendre le fort potentiel de vie qu’elles abritent, mais qui est en sommeil, en absence d’eau.

Les zones semi-arides : un équilibre écologique fragile

Après avoir travaillé dans le bassin arachidien du Sénégal – région de Kaolack, au sud de la Mauritanie – région de Boghé et au Soudan du Sud dans les Etats du Jonglei et du Lakes , j’ai pu observer que toutes ces zones semi-arides présentent la même caractéristique écologique : une grande fragilité.

Ce sont des zones stables en apparence, car elles ne changent pas d’aspect pendant les longs mois de la saison sèche, mais qui sont très fragiles en réalité. Elles sont très sujettes aux aléas climatiques ainsi qu’aux comportements humains ; ces deux facteurs dégradant le plus souvent celles-ci, que cela soit par des fortes pluies qui ravinent les sols ou par la déforestation.

Une agriculture dépendante de la pluie : la limite de la sécurité alimentaire

Toutes ces zones agricoles dépendent à plus de 90% de la pluie. Que la saison des pluies soit en retard, que les pluies soient peu abondantes ou irrégulières durant celle-ci et la population bascule dans l’insécurité alimentaire.

Vu le changement climatique, que nous pouvons observer depuis quelques années, qui bouleverse les équilibres précaires existants et vu la déforestation qui continue sur ces zones, il est grand temps de mettre en place des solutions durables qui atténuent les difficultés des communautés y vivant.

Le reboisement : un régulateur climatique

Les arbres jouent le rôle de régulateur climatique ; moins il y en a, plus les pluies deviennent violentes en saison des pluies pouvant déboucher sur des inondations, détériorant les sols, les maisons, les cultures, les stockages de grains,…. et plus la sécheresse s’installe en saison sèche, amenant son lot de mortalité parmi le bétail et l’obligation de migrer pour les humains vers des zones où l’eau reste accessible.

Avec le changement climatique, le reboisement joue aussi un rôle primordial à grande échelle, dans le piégeage du dioxyde de carbone, donc dans la réduction des gaz à effets de serre et donc à terme dans l’atténuation de ce phénomène climatique.

Le bois, une ressource surexploitée dans les zones semi-arides

Alors que les zones semi-arides sont peu arborées, que le besoin en bois augmente avec la population (pour la cuisine, la construction,…), je n’ai jamais pu observer une réelle gestion de cette ressource naturelle ; les communautés continuent à déforester de plus en plus, réalisant seulement qu’il faut aller de plus en plus loin pour chercher du bois.

Il en résulte une déforestation qui s’aggrave, augmentant la dérégulation climatique.

Le reboisement : une nécessité difficile à mettre en place

Alors que le besoin en bois augmente au sein des populations des zones semi-arides, que la ressource s’épuise de plus en plus, peu de communautés ont pu mettre en place un reboisement durable.

Beaucoup d’essais se sont soldés par des échecs. Certains facteurs en sont responsables :

  • La gestion du foncier n’est plus en adéquation avec les besoins des populations villageoises et nomades pastorales, obéissant toujours à une tradition, sans que celle-ci ait pu évoluer.
  • Le manque de connaissance des communautés sur une gestion durable de leur environnement.
  • Le manque de connaissance sur des solutions alternatives aux pratiques actuelles.
  • Le manque de facilités techniques (accès à l’eau et distribution de celle-ci).
  • Un mode de vie villageois souvent « au jour le jour ».

L’agro foresterie communautaire : une solution intéressante

Alors que le reboisement en parcelle présente des difficultés importantes dans sa mise en place, une solution alternative réside dans l’agroforesterie : associer des arbres et des cultures.

Ce système présente beaucoup d’avantages :

  • C’est le meilleur système au niveau agronomique pour toutes les zones subtropicales et tropicales. Les racines profondes des arbres « récupérant » tous les éléments nutritifs des couches supérieures, lessivés par les fortes pluies.
  • Les arbres complètent une production agricole saisonnière en fournissant :
    • du fourrage pour les petits animaux
    • des fruits
    • du bois pour la cuisine
    • du bois pour faire du charbon de bois
    • du bois pour la construction
  • Les arbres peuvent aussi être choisis pour améliorer la fertilité des sols.
  • Dans le choix des arbres fruitiers, il est possible d’introduire des espèces à fructification rapide.
  • La diversification des productions amène une plus grande stabilité économique ; certains produits compensant d’autres qui ont peu produit.
  • L’arrosage est plus simple à mener car cultures maraichères et arbres sont concentrés sur les mêmes parcelles.
  • Constituer des brise-vent permet d’augmenter la productivité jusqu’à 20%, des cultures protégées par eux.
  • Enfin, au niveau écologique, une plantation en agroforesterie avec 100 – 120 arbres à l’hectare forme un piège à carbone plus efficace qu’une même surface de forêt.